Ou comment éviter les nœuds à l’estomac, les malentendus en chaîne et les “j’aurais dû en parler plus tôt”… quand on est RH, dirigeant, manager ou collaborateur !
Une tribune de Corinne Diemunsch, fondatrice du cabinet de conseil RH Plume and Bees, consultante en engagement des collaborateurs.
Bienvenue dans la jungle des questions “qu’on garde pour soi”
Parler RH, c’est parfois comme entrer dans un jeu de société dont on n’a pas bien lu les règles.
On se dit :
- “Est-ce que j’ai le droit de dire ça ?”
- “Et si je passe pour un/e relou ?”
- “Et si je me grille définitivement pour une promo/un bonus/un café en équipe ?”
Résultat : pour la plupart d’entre nous, nous gardons tout en nous. Jusqu’à ce que le malentendu grandisse comme une plante verte trop arrosée.
Alors, aujourd’hui, on dédramatise. Voici 10 questions que les collaborateurs n’osent pas toujours poser ET que les employeurs devrait traiter en amont… et pourquoi on devrait oser (sans stress, ni sueur, ni drame).
1. “Je peux demander une augmentation… même si ce n’est pas janvier ?”
Oui. Le timing idéal n’existe pas ! Bien sûr, si votre boss est en train de perdre à Mario Kart, attendez un peu. Autrement dit, si le Business est tendu ou que des négociations avec des investisseurs sont en cours, soyez patient.
Conseil : préparez vos arguments, restez factuel·le, montrez vos résultats et vos perspectives. L’augmentation, c’est une conversation, pas un caprice. C’est aussi un pari sur l’avenir pour votre patron !
2. “Je suis enceinte / Ma conjointe va accoucher : je dois prévenir quand ?”
Non, ce n’est pas un aveu de trahison à l’entreprise. C’est la vie. Et elle continue même au bureau.
Conseil : ne tardez pas à l’annoncer, proposez des pistes de solutions pour palier à votre absence, annoncez le plus tôt possible votre envie de prendre un congé parental, etc. Vous n’êtes pas un problème, vous êtes un humain.
3. “Je pars rejoindre mon/ma conjoint·e dans une autre ville, que faire ?”
Un déménagement n’est pas une démission déguisée. C’est un changement de vie.
Conseil : parlez-en tôt, explorez les solutions (télétravail, mobilité, temps partiel), et montrez que vous voulez trouver un compromis gagnant-gagnant.
4. “Pourquoi Paul télétravaille 3 jours par semaine et moi seulement 1 ?”
Le télétravail, c’est comme les frites à la cantine : tout le monde en veut, personne ne sait qui les distribue.
Conseil : ne restez pas avec votre frustration. Demandez une clarification des règles si cela n’existe pas (charte, règlement intérieur, guide interne…) et proposez une organisation alignée avec vos missions et le besoin de l’organisation.
5. “J’ai fait une énorme bêtise… je dis quelque chose ou je fais genre tout va bien ?”
Spoiler : tout va rarement bien quand on a bousillé la base de données client…
Conseil : prévenez immédiatement. Assumez, proposez une solution. L’erreur est humaine, le silence est risqué.
6. “Je me sens épuisé·e / je perds pied… c’est grave docteur RH ?”
Burn-out, bore-out, brown-out… L’abécédaire du mal-être au travail s’allonge chaque année.
Conseil : demandez un entretien avec votre manager, les RH, le CSE, le dirigeant, vos associés. Confiez-vous, même à des tiers de confiance ! Personne ne s’effondre par plaisir. Le reconnaître, c’est faire preuve de force, pas de faiblesse.
7. “J’aimerais changer de poste ou de service… je peux en parler sans me tirer une balle dans le pied ?”
Changer d’envie ne veut pas dire trahir l’entreprise. Au contraire, ça peut vouloir dire que vous voulez rester, mais évoluer.
Conseil : parlez perspectives, développement, projets. Faites de votre envie un plan de croissance, pas une fuite.
8. “Pourquoi j’ai été écarté·e de ce projet ?”
On pense souvent que poser la question revient à contester la hiérarchie. Faux.
Conseil : Demandez un retour constructif. “Qu’est-ce que je peux améliorer pour être intégré·e la prochaine fois ?” est une question puissante et bien reçue.
9. “Je me sens exclu·e / mis·e à l’écart dans l’équipe, c’est moi le problème ?”
Les dynamiques de groupe, c’est subtil… et parfois silencieusement toxique.
Conseil : parlez-en à votre manager ou à une personne de confiance en RH. Mieux vaut un petit inconfort temporaire qu’un grand isolement durable.
10. “Je ne comprends pas ma fiche de paie… j’ose demander ou je fais semblant de comprendre ?”
Entre les lignes, les primes, les prélèvements sociaux et le ticket resto qui fait tout basculer, on s’y perd.
Conseil : vous avez le droit de demander, sans passer pour un radin ou un ignorant. Une RH qui explique bien, c’est mieux qu’un tuto YouTube à 23h.
Comment aborder ces sujets sans passer pour un relou ?
Employeurs :
- Créez un climat d’écoute (même hors entretien annuel)
- Donnez le ton : vulnérabilité ≠ faiblesse
- Formez vos managers au dialogue humain, pas juste à Excel
Collaborateurs :
- Ne dramatisez pas… mais n’attendez pas non plus le point de non-retour
- Préparez vos messages : sincérité + ouverture = meilleur combo
- Osez ! Vous êtes rarement seul·e à vous poser la question
Conclusion : la vraie question, c’est de ne plus avoir peur des questions !
Oui, certaines discussions sont inconfortables. Mais les éviter les rend juste plus explosives plus tard.
Alors que les aborder avec humilité, clarté, et même humour, permet souvent de construire une culture d’entreprise plus saine, plus mature, plus performante.
La réussite c’est une entreprise où on peut dire :
- “J’ai une question un peu délicate”
Et où on vous répond :
- “Allez-y, on est là pour ça.”
