Par Corinne Diemunsch, fondatrice de Plume and Bees – Conseil en stratégie RH et RSE
Parler d’augmentation salariale, c’est tout au long de l’année et c’est un peu comme prévoir la météo à un mariage en plein air : tout le monde espère le beau temps, mais personne n’est sûr du résultat. Pour les salariés, demander une augmentation peut être stressant. Pour les dirigeants, accorder une hausse de salaire peut parfois ressembler à un pari financier risqué… surtout quand la trésorerie ressemble plus à un lac en période de sécheresse qu’à une mer débordante. De plus, la facture peut être salée !
Et pourtant, cette question reste incontournable : faut-il augmenter ou chercher d’autres moyens pour motiver ?
Côté cœur : récompenser la valeur humaine
Accorder une augmentation, c’est envoyer un signal fort de reconnaissance ; encore faut-il que cette augmentation soit significative car, si tel n’est pas le cas, cela peut générer l’effet inverse et là, c’est la frustration assurée pour le collaborateur.
Selon l’étude INSEE 2024, 41 % des salariés ayant reçu une augmentation disent se sentir « davantage engagés et reconnus » dans leur entreprise quand ils reçoivent une augmentation.
Pour un dirigeant, voir le talent, le dévouement et les résultats d’un collaborateur donne naturellement envie de récompenser. Mais comme souvent, la volonté du cœur se heurte aux dures réalités de la raison…
Côté raison : penser à la pérennité de l’entreprise
Distribuer des augmentations sans réflexion stratégique, c’est un peu comme remplir un panier percé : satisfaisant sur le moment, mais risqué à long terme. Les TPE et PME, qui représentent plus de 99 % du tissu économique français (source Insee 2024), doivent jongler avec des marges souvent fragiles.
Avant d’accorder une augmentation, quelques questions essentielles à se poser :
- Est-ce que l’entreprise peut soutenir cette hausse durablement ?
- Est-ce cohérent avec la politique salariale globale ?
- L’augmentation s’accompagne-t-elle d’une évolution de mission, de responsabilités, de rôles ?
Bref, récompenser, oui… mais avec discernement.
Trésorerie : l’éternelle réalité
Selon Bpifrance, 38 % des dirigeants de PME interrogés en 2024 citent la gestion de la trésorerie comme leur principal souci.
Accorder une augmentation doit donc être pensé comme un investissement et non comme une réaction émotionnelle ponctuelle.
Quand la trésorerie ne permet pas de folies, il existe heureusement d’autres façons de récompenser et de motiver à moindre coût.
Les alternatives intelligentes à l’augmentation directe
- Les avantages sociaux modulables et collectifs : tickets-resto, mutuelle améliorée, participation à des abonnements sport ou culturels (retrouvez ici notre ebook sur le sujet)…
- L’épargne salariale : intéressement, participation, plans d’épargne entreprise…
- La formation et l’évolution interne : accès à de nouvelles compétences et responsabilités.
- La flexibilité et la qualité de vie au travail : télétravail, horaires adaptés, meilleure conciliation vie pro / vie perso.
- La reconnaissance au quotidien : féliciter sincèrement, remercier régulièrement.
Chacune de ces alternatives a un coût souvent plus modeste qu’une augmentation généralisée mais peut avoir un impact décisif sur l’engagement et la rétention des talents.
Conclusion : l’art de jongler entre cœur, raison et trésorerie
Accorder une augmentation n’est ni un tabou, ni une obligation. C’est une décision stratégique à intégrer dans une politique globale de reconnaissance et de motivation. Cela doit pouvoir s’expliquer clairement et simplement à toute personne qui voudrait en connaître la raison.
Si l’augmentation est possible et justifiée : foncez, avec le sourire ! Si la trésorerie est tendue : n’oubliez pas que d’autres moyens existent pour faire briller les yeux de vos collaborateurs, sans vous mettre en danger.
Cœur, raison et trésorerie : un trio à harmoniser pour faire de vos choix RH… un succès durable !
À propos de l’autrice
Corinne Diemunsch est fondatrice de Plume and Bees, cabinet de conseil en stratégie RH et RSE spécialisé dans l’accompagnement des TPE, PME et ETI. Elle aide les dirigeants à structurer leur organisation de façon durable, humaine et performante. Engagée pour un monde professionnel plus responsable, elle intervient régulièrement en entreprise et dans les médias sur les sujets liés à la transformation managériale, à la qualité de vie au travail et à la valorisation du capital humain.
