En 2025, les family Offices et les familles qu’ils accompagnent affichent une volonté croissante de rester des investisseurs engagés et actifs. Elles souhaitent renforcer leur rôle dans la transformation des entreprises, notamment à travers le private equity, l’investissement local ou encore leur implication dans la gouvernance des sociétés. Cette dynamique traduit un désir d’ancrer davantage leurs choix d’investissement dans l’économie réelle, en soutenant des projets porteurs de sens et de valeur sur le long terme.
Un regain d’intérêt pour l’industrie se confirme également. Durable ou non, l’investissement dans l’industrie ou des projets industriels est perçu comme un levier stratégique pour contribuer à la relance du tissu productif. Ce retour vers des filières concrètes et stratégiques illustre la volonté des family Offices de soutenir des secteurs créateurs de valeur et ancrés dans les territoires.
Les résultats mettent en lumière une évolution notable dans les priorités des Family Offices en matière de stratégies d’investissement. Si les facteurs macro-économiques tels que l’inflation, les politiques monétaires, et les dynamiques de croissance, demeurent les principaux facteurs d’impact, la montée en puissance des tensions géopolitiques (+38%) révèle un véritable tournant. Longtemps estimées comme secondaires, ces considérations s’imposent désormais comme un élément structurant dans la gestion de patrimoniale. Face à un environnement international instable, les familles recherchent davantage de stabilité et de visibilité, intégrant de plus en plus la géopolitique dans leurs décisions d’allocation. Dans ce contexte, les conditions d’exercice en France – qu’elles soient fiscales, juridiques ou réglementaires – constituent un enjeu central dans leurs choix de structuration et d’investissement.
En 2024, les Family Offices placent le private equity au cœur de leur stratégie, confirmant la montée en puissance du non coté
Le private equity s’impose comme la première classe d’actifs dans les allocations des familles, représentant 37,5% de leurs investissements. Il devance largement les actions cotées (17,3%), l’immobilier d’investissement (12,8%), la dette cotée et privée (10,8 %) et la liquidité (9 %).
Suivent les infrastructures, qui atteignent 2,9%, ainsi qu’un ensemble de placements alternatifs représentant au total 9,7% : les produits structurés et hedge funds (5,3%), les forêts, vignobles et fonciers agricoles (2,1%), les investissements passion tels que l’art ou l’automobile (0,9%), les matières premières (0,5%), l’or et les métaux précieux (0,5%), et enfin les cryptomonnaies et actifs numériques (0,4%).
Allocations des Family Offices : focus sur les classes d’actifs en 2024 et leurs tendances pour 2025
Rémi Béguin, responsable du Baromètre de l’AFFO : « Pour les Family Offices, investir n’est plus une affaire seulement de performance : c’est aussi une affaire de convictions, d’impact et de sens ».
Le private equity représente 37,5% des allocations des Family Offices, réparties entre l’investissement direct (28,2%) et l’investissement via des fonds (9,4%). Cette classe d’actifs enregistre une progression notable, avec une hausse de 15 points par rapport à l’année précédente (16 points pour l’investissement direct, et une baisse de 1 point pour l’investissement dans les fonds).
Les perspectives pour 2025 confirment cette dynamique : près de la moitié des répondants anticipent une augmentation de leurs investissements en direct, tandis que 40% prévoient une stabilité et seulement 10% une baisse. Une tendance similaire se retrouve pour les investissements réalisés via des fonds.
Cette montée en puissance du private equity s’accompagne d’un engagement croissant dans le capital des PME (40%) et des ETI (30%), confirmant la volonté des Family Offices de soutenir l’économie réelle de manière ciblée, en accompagnant le développement d’entreprises porteuses de croissance durable.
Dans ce contexte, le co-investissement représente en moyenne 28% des stratégies d’allocation, une part amenée à se stabiliser, voire à progresser en 2025. Cette dynamique reflète une volonté croissante des familles de mutualiser les expertises et de saisir des opportunités collectivement.
Les actions cotées représentent 17,3% des allocations, en baisse de près de 4 points (12,4% en investissement direct et 4,9% via des fonds) avec une stabilité pour les investissements en direct mais une baisse pour les investissements via les fonds (3 points) par rapport à l’année précédente.
Pour 2025, 30 % des répondants estiment que la part des actions cotées en direct devrait progresser, tandis que 65 % anticipent une stabilité et 5 % une baisse. Concernant l’investissement via des fonds, 20 % prévoient une hausse, 70 % une stabilité et 10 % une diminution.
L’immobilier d’investissement représente 12,8% des allocations en 2024, enregistrant une baisse de plus de 8 points par rapport à l’an dernier. Pour 2025, un peu plus de 20 % des répondants anticipent une reprise, 46 % s’attendent à une stabilité, tandis que 30% prévoient une poursuite du recul.
La dette cotée ou privée, représente 10,8% des allocations en 2024, en recul de plus de 2 points, après avoir connu un fort regain d’intérêt l’année précédente (+7 points). Les dettes cotées représentent 7,2% en baisse de près de 3 points (4,5% via les fonds en baisse de 1 point et 2,7% via le direct en baisse de 2 points). Les dettes privées représentent 3,6% en hausse de 1 point (2,4% via les fonds en hausse de 1 point et 1,2% via le direct qui reste stable.
En 2025, 25% considèrent que cette classe d’actifs devrait progresser, 45% anticipent une stabilité, et 10% une baisse.
Les infrastructures représentent 2,9% des allocations (1,8% en direct et 1,1% via des fonds, stable par rapport à l’année précédente). Pour 2025, 12% envisagent une hausse, 47 % anticipent une stabilité, tandis que 20% prévoient une baisse.
Les placements alternatifs représentent 9,7% et restent stable par rapport à l’année précédente.
Secteurs & thématiques d’investissements des familles
En 2024, les Family Offices orientent leurs investissements vers des secteurs alliant résilience et innovation, avec une préférence pour la technologie (63%), la santé (49%), l’immobilier (41%), l’industrie (33%) et l’énergie (31%). Cette stratégie traduit une volonté de concilier performance et pertinence stratégique, dans un environnement toujours incertain.
La volonté de conjuguer croissance et rentabilité s’impose également comme un axe stratégique majeur pour la moitié des répondants. Cette orientation traduit une approche d’investissement de plus en plus sélective et disciplinée, fondée sur la solidité des modèles économiques et la capacité des entreprises à générer de la valeur de manière durable. Les thématiques de la transformation technologique, en réponse aux enjeux de la transformation numérique (32%), ainsi que l’innovation et la disruption (30%), s’imposent parmi les sujets les plus structurants. La consolidation par croissance externe (36%) et l’investissement durable (32%), sont deux leviers également jugés essentiels pour bâtir des stratégies pérennes et alignées avec les évolutions du marché.
Les grandes préoccupations des familles
En 2025, la protection de la famille (100%) et la transmission intergénérationnelle de leur patrimoine culturel et professionnel (98%) demeurent des priorités incontestées, en hausse de 9 points par rapport l’année précédente. Les changements de politiques fiscales (89%), la transformation numérique (83%), la gouvernance (82%, malgré une baisse de 7 points), ainsi que les questions de sécurité restent également parmi les thématiques les plus identifiées.
Parallèlement, les familles se montrent de plus en plus attentives aux nouveaux risques. La sensibilisation aux enjeux liés à l’IA et à la cybersécurité progresse fortement, atteignant respectivement 74% (+34 points) et 78% (+14 points), suscitent un intérêt croissant.
À l’inverse, la philanthropie (71%, en baisse de 9 points) et la transition énergétique et la neutralité carbone (56%, en recul de 14 points) enregistrent un repli cette année, tout en demeurant des sujets importants. Les dimensions liées aux nouveaux modèles d’affaires durables (44%), à la diversité et l’inclusion dans les entreprises détenues (46%) et les nouveaux modes de financement de l’innovation (50%) restent encore insuffisamment intégrées.
L’éducation des membres de la famille (78%), les nouvelles modalités d’investissement – club deals, fonds – (74%), les technologies émergentes – IA, blockchain, quantique… – (72%) et les enjeux géopolitiques (72%) font leur entrée dans le baromètre et sont d’emblée identifiés comme des thématiques stratégiques, montrant une prise de conscience des familles face aux grandes évolutions et à leurs impacts sur leur patrimoine.

